Patrick
Je crois que ma pensée a influencé positivement mon traitement
Pour Patrick Huysentruyt, le diagnostic du cancer du poumon a été un signal d’alarme.
En 2019, Patrick Huysentruyt (65 ans) a appris qu'il était atteint d'une maladie incurable. Six ans plus tard, les médecins ne trouvent plus aucune cellule cancéreuse dans son corps. Il est reconnaissant d'être encore en vie, mais aussi que le cancer ait fait de lui une meilleure personne. « Je ne me suis jamais senti aussi bien. »
Lors d'une partie de badminton en 2019, Patrick est tombé. Il a souffert d'une déchirure musculaire et a consulté son médecin généraliste. Cette visite a été l’occasion idéale pour mentionner d’autres petits problèmes qu’il rencontrait depuis un certain temps. Depuis plusieurs semaines, Patrick avait une toux persistante et sentait que sa condition physique se dégradait chaque jour. Autrefois, il faisait du vélo avec plaisir et sans difficulté, mais cela devenait de plus en plus difficile. Il attribuait cela à son âge. Son médecin lui a proposé de faire une prise de sang.
Condamné d'avance
Les résultats de l'analyse sanguine ont révélé que ses symptômes n’étaient pas simplement liés à l’âge. « Un jour, mon médecin m'a appelé alors que j'étais au travail et m'a demandé si je pouvais venir le voir le soir-même. Immédiatement, toutes les alarmes ont sonné dans ma tête. J’ai tout de suite pensé au cancer. Et ce n'était pas sans raison, comme l'a confirmé la consultation. Une scanographie réalisée quelques jours plus tard a révélé une grosse tumeur dans le poumon gauche, tout près du cœur. D’autres examens ont suivi car je souffrais également de maux de tête inhabituels. Je me souviens du 13 mars 2020 comme d’un jour noir. Ce jour-là, la Belgique est entrée en confinement à cause du corona et j’ai appris que j'avais un cancer du poumon avec des métastases dans le cerveau. »
« Ce diagnostic a été un choc. Surtout lorsque j’ai demandé quelles étaient mes chances de guérison et que l’on m’a dit qu’il n’y en avait pas. J’étais non seulement bouleversé, mais aussi très en colère.

Pourquoi moi ? J’avais toujours été au service des autres et je trouvais que je ne méritais pas cette maladie. J'étais aussi inquiet pour ma partenaire, qui souffrait beaucoup. Les restrictions sanitaires empêchaient sa présence lors des consultations, ce qui rendait les choses encore plus difficiles. Beaucoup pensaient que j’étais condamné d’avance. Et pour être honnête ? Moi aussi, je l’ai cru. Mais très vite, une petite voix en moi m’a dit : “Allez, ne lâche pas, bats-toi.” »
« Beaucoup de gens pensaient que j'étais condamné d’avance. Moi aussi, je l’ai cru. Mais très vite, une petite voix en moi m’a dit : “Ne lâche pas, bats-toi.” »Patrick
Patrick avait quatre métastases cérébrales. La première étape du traitement a été de les cibler avec la radiothérapie. Ensuite, il a suivi une chimiothérapie pour traiter la tumeur pulmonaire. « Le traitement a bien fonctionné et la tumeur a rétréci des trois quarts. C’était une bonne nouvelle qui m’a aidé à tenir bon, car la chimio m’a épuisé. Physiquement, je me sentais vidé. Faire quelques pas dans le jardin me laissait exténué. Même une conversation avec un voisin m'épuisait complètement. Des mois après la chimiothérapie, je souffrais encore de cette fatigue. Après la chimio, j’ai commencé une immunothérapie. La tumeur a continué à rétrécir. L'été 2023, mon professeur m’a annoncé qu’il n’y avait plus aucune trace du cancer. À ce jour, mon corps semble être exempt de la maladie. »
Une leçon de vie
Au début, Patrick était très en colère contre le cancer. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. « Je ressens surtout de la gratitude », dit-il. « Je suis reconnaissant d’être encore en vie, mais aussi d’être devenu une meilleure personne grâce à ma maladie. Je me sens plus énergique que jamais, et surtout, mentalement, je suis une autre personne. Avant d’être malade, j’étais plutôt pessimiste. Je me laissais submerger par la misère du monde. Je ne voyais que la souffrance autour de moi, et pas la beauté. Pendant la période où j'étais épuisé, j’ai beaucoup lu et écouté des podcasts où des personnes expliquaient comment elles faisaient face aux épreuves. J’y ai puisé de la force. Leurs récits ont été une véritable leçon de vie. J’ai acquis de nouvelles perspectives et découvert que je pouvais tirer un bénéfice de ma maladie. »
« Petit à petit, j’ai appris à ajuster ma façon de penser et d’agir. J’ai commencé à parler de mes émotions, alors qu’avant, je les gardais pour moi.

J’ai réalisé que je ne pouvais pas changer les problèmes du monde et que je devais moins m’en préoccuper. J’ai aussi cessé de me soucier du regard des autres. Face à une épreuve, j’arrive désormais à prendre du recul. Avant, je serais resté enfermé dans ma tristesse et ma colère. Mais surtout, j’ai compris qu’il faut s’aimer soi-même pour pouvoir aimer les autres. »
« Je vois comme ma mission d'encourager les autres. Même quand tout semble sombre, il faut continuer à y croire. »Patrick
Profiter de la vie
« Ce que le cancer a fait pour moi est phénoménal. On peut dire que ma maladie a été un véritable réveil. Cela peut sembler mystique, mais c’est pourtant vrai. Je suis devenu une meilleure personne. Pour moi-même, mais aussi pour les autres. Je suis plus confiant qu’avant, plus serein et plus agréable à vivre. J’ose fixer mes limites et prendre des décisions plus facilement. Je ne me laisse plus abattre par les mauvaises nouvelles et les échecs, mais je profite des petites joies du quotidien. De plus, je vois maintenant comme une mission d’encourager les autres et de leur donner de l’espoir. Même quand tout semble sombre, il faut continuer à y croire. »
Lorsque son médecin lui a annoncé qu’il ne restait plus aucune trace de cancer dans son corps, Patrick l’a remerciée de l’avoir guéri. « Mais elle m’a répondu que je devais me remercier moi-même. Car c’était moi qui avais fait le travail. Et oui, je crois que ma pensée a influencé positivement mon traitement. Suis-je convaincu d’être totalement guéri ? Je ne me pose pas cette question. Je n’ai pas peur de la mort.

Si je rechute, alors il en sera ainsi. Mais j’essaie de penser le moins possible au passé ou à l’avenir. Je vis au jour le jour, dans l’instant présent. Et en attendant, je profite de la personne que je suis devenue. »